8 mars: hommage à la femme par Chikh El hasnaoui
La célébration de la femme a fait la grandeur des poètes et des artistes. Il n’y a pas un seul poète qui n’ait écrit sur la femme, pour la femme, glorifiant sa beauté, magnifiant sa place et célébrant son rôle dans la société. C’est un thème universel. De tous les poètes amazighs qui ont exalté la femme, Chikh El hasnaoui est allé jusqu’à camper dans de nombreux chants le rôle de l’épouse de l’émigré que la morale religieuse et la culture villageoise pudibonde paysanne n’autorisaient pas à s’exprimer en public.
Dans de nombreux chants, El Hasnaoui, demeuré sa vie durant, selon la légende, fidèle à Fadhma son premier amour, a chanté ses sentiments et sa gratitude pour la femme sous toutes leurs expressions et dans toutes les étapes de la vie. Séparé de sa bienaimée des l’adolescence, le poète ne put jamais refermer cette douloureuse déchirure. Il exprima dans son fameux poème « Asmi nela d igurden » ( Au temps de notre enfance) , toutes les interdictions que la société imposait à l’expression de l’amour en dehors du cadre conjugal, récidivant dans la dénonciation de l’oppression de la femme et de l’amour dans de multiples chants d’une haute sensibilité.
A l’occasion de ce 8 mars, célébrant les droits des femmes, nous avons traduit le mémorable texte de la chanson « Tiqvayliyine » ( Femmes Kabyles) où il rend hommage à la villageoise, éternelle muse des poètes, fleur du printemps des hommes, gardienne de l’honneur et de la lignée inextinguible de toutes les résistances, esprit tutélaire veillant sur la lumière de la civilisation.
Tiqvayliyin (texte originel en kabyle)
Ad cekreɣ tiqbayliyin
Ṭtaɛa d zzin
Fella kwent ɣennan cuɛara
Ay igarujen n tudrin
Sser n tisekwrin
Deg ull teţaǧamt-ed limaṛa
D iɣriben ur nesɛi aḥnin
Fellakent neţţeleḥin
Akw tiɛeyec Rebbi mara
Ah, di lɣerba neɣreq
N-ḥemel ikwent Rebbi yezra
Lwexda m’ar ad ɛeddint
Leǧwayeh n temeddit
Ad nejmeɛent di lḥara
Ttin yesɛan lwalli temekti-t
Imeṭṭi ţţalwit
Ull-is irrekeb-it leḥrara
Teqar-as lɣwerba tebwi-t
Ddunit teneker-it
N ruḥ nedda d lexṣara
Di lyerba neɣreq
N ḥemelikwent Rebbi yezra
A tiqbayliyin aɛzizen
Fellakwent neḥzen
Lefraq yuɣal d limara
Ddunit yidekwent tawzen
Ţţeḥibint yergazen
Di lǧenet d lɛibara
Ad yerr Rebbi iɣriben
S tmura ibaɛden
Leḥzen ad yuyal ţţameɣra
Ah, di leɣerba neɣreq
N ḥemelikwent Rebbi yezra
Traduction : Femmes Kabyles
Louange à vous femmes Kabyles
Humilité et beauté
Vous êtes les muses des poètes
Trésors de nos villages
Aux charmes de perdrix
Dans les cœurs vous gravez vos présences
Exilés sans tendresse
Pour vous nous chantons l’amour
Que Dieu vous garde
Ah, cet exil qui nous sépare
Nous vous aimons
Dieu est témoin
Quelle douleur à les imaginer
Passer en fin d’après midi
Pour se réunir dans le patio
Elles évoquent leurs amoureux
Entre pleurs et espoirs
Le cœur pris de fièvre
Elle dit que l’exil l’a avalé
La vie renie ses efforts
Il est perdu sans issue
Ah, cet exil qui nous avale
Nous vous aimons
Dieu est témoin
Femmes kabyles chéries
Nous sommes tristes
La séparation est mortelle
Avec vous la vie c’est l’harmonie
Nous vous aimons
Vous êtes notre paradis
Dieu Ramenez les exilés
De ces pays lointains
Avec la fête finira la tristesse
L’exil nous a avalés
Nous vous aimons
Dieu est témoin
Rachid Oulebsir