Abus du recours à la détention provisoire: le président du syndicat des magistrats met à l’index «la mentalité des juges»
Le président du Syndicat national des magistrats (SNM), Issad Mabrouk, donne sa lecture de l’abus du recours à la détention provisoire observé ces derniers mois dans nos tribunaux. Dans un texte posté aujourd’hui sur sa page Facebook, l’homme a cité plusieurs décisions de justice ayant fait polémique.
Le premier point concerne le recours systématique à la détention provisoire même dans les cas où les affaires ne nécessitent pas un placement sous mandat de dépôt. Rejetant les accusations selon lesquelles « la justice fonctionne toujours par téléphone », le premier responsable du SNM impute plutôt la responsabilité à « certains juges ».
« J’ai toujours cru et je continuerai à croire que la liberté des gens est sacrée et que la détention provisoire doit rester une mesure extrêmement exceptionnelle », a-t-il indiqué. Selon lui, « la mentalité de certains juges a fait malheureusement de la détention provisoire une mesure systématique, sans l’intervention de quelque partie que ce soit »
Issad Mabrouk est revenu sur la question des prévenus placés sous mandat de dépôt puis remis en liberté dès le lendemain, dont le journaliste et ancien correspondant de France 24, Moncef Aït Kaci et l’agent de la Protection civile poursuivi pour une altercation avec un médecin.
Pour le président du SNM, il n’y a eu aucune pression sur les juges pour la libération de ces deux personnes au-lendemain de leur placement en détention. Il s’agit, a-t-il soutenu, de « mesures conformes à la procédure et qu’il appartenait au ministère de la Justice d’expliquer à l’opinion publique la légalité de recourir au référé même dans les procédures pénales ».
Issad Mabrouk a sévèrement critiqué, au passage, le département de Belkacem Zeghmati qui s’est tu laissant « la voie libre aux interprétations dénuées de toute objectivité faites sur les réseaux sociaux ».
En revanche, le président du SNM dénonce, pour la première fois, le fait que les juges ne respectent pas « l’esprit de la loi qui protège les droits de l’accusé » dans le cas de Karim Tabbou. Ce dernier, rappelons-le, a été maintenu en détention, en mars dernier, suite à une décision du juge près la Cour d’Alger d’aggraver la peine prononcée à son encontre par le tribunal de Sidi M’hamed.
Boualem Rabah