Ahmed Laraba: “Une Constitution est faite pour des citoyens et non pour des croyants”
Le président de la commission de révision de la Constitution, Ahmed Laraba, prédit la suppression, à l’avenir, des questions liées à la religion et à l’identité dans la loi fondamentale du pays.
« Une Constitution est faite pour des citoyens et non pour des croyants. L’idée de la citoyenneté n’est pas encore admise. Vous pouvez être Algérien sans être Amazigh, Arabe ou musulman. Ce sont des équilibres précaires qu’il ne faut pas toucher pour l’instant », a affirmé l’experts dans une interview accordée hier au site arabophone du quotidien Liberté.
Selon lui, ces questions peuvent disparaître avec le temps, « une fois le débat maturé et l’idée acceptée par la société ». Il cite, dans ce sens, plusieurs exemples de points intégrés dans la Constitution à travers des révisions graduelles depuis 1963, date de l’adoption de la première Constitution algérienne, dont la liberté de la presse, la langue amazigh et la lutte contre la corruption.
« C’est une réponse à une demande de la société. Le temps où la Constitution se réduisait à l’organisation des pouvoirs publics est complètement dépassé, depuis longtemps », a-t-il expliqué. Le juriste a également souligné le fait que le texte en cours insiste sur les libertés. « Prenons l’exemple de la liberté de la presse. Elle n’a été consacrée que dans la Constitution qu’en 2016. Mais avant, il y avait la lutte des journalistes. Cette fois, nous avons pris soin de définir, avec moult détails, le contenu de la liberté de la presse, en imposant au législateur de ne pas toucher à l’essence de cette liberté quelles que soient les raisons. Un journaliste pourra se prévaloir de la Constitution pour obtenir ses droits. Cela n’a pas été possible en 2016 », a-t-il indiqué.
Cette déclaration sur la suppression des réferences et de l’identité dans la Constitution suscite déjà un tollé dans les milieux islamistes qui dénoncent les propos des deux juristes. Pour contenir la polémique, le porte-parole de la Présidence Mohand Oussaïd Belaïd, a affirmé « que la question de l’identité est tranchée ». « L’évocation de la religion en ce moment est une provocation pour le peuple algérien qui est musulman, aujourd’hui, demain et jusqu’à la fin du monde », a-t-il martelé lors d’une conférence de presse animée aujourd’hui à Alger.
Boualem Rabah