Ali Ghediri appelle à une justice équitable: «Je suis un confiné politique»
L’ancien candidat à la présidentielle avortée du 18 avril 2019, Ali Ghediri, brise le silence. A partir de sa cellule de la prison d’El Harrach où il est incarcéré depuis une année, il adresse une lettre ouverte au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, pour réclamer «une justice équitable».
« Par le biais de cette lettre ouverte, j’espère, monsieur le Président de la République, vous avoir fait parvenir, à partir des geôles d’El Harrach, après une année de silence que je me suis imposé au seul regard de la situation du pays, non pas une imploration, mais un appel pour une justice équitable, sereine et diligente qui puisse s’exercer sans injonctions d’où qu’elles puissent émaner», écrit le général à la retraite qui a été arrêté en juin 2019.
Accusé « d’intelligence avec l’ennemi (la justice a récemment fait tomber cette accusation) » et « d’atteinte au moral de l’Armée », Ali Ghediri dénonce, dans sa lettre « la quatrième prorogation de sa détention provisoire » qu’il qualifie « de confinement politique ».
«Après une année de détention, l’on est venu me signifier, pour la quatrième fois consécutive, la prorogation, nonobstant la forme, de la durée de ‘‘confinement politique’’ auquel je suis soumis et désigné par euphémisme mandat de dépôt, cette mesure exceptionnelle que le législateur, conscient de l’usage abusif qui pourrait en être fait, a, par prévenance, soumise à des conditions strictes et bien définies », explique-t-il.
Poursuivant, Ali Ghediri se dit victime « de cet abus » qu’il subit dans sa chair. « Et cela au motif inavoué que ma présence sur la scène politique n’était pas sans incommoder certains décideurs », précise-t-il.
« Il en va ainsi, monsieur le Président de la République, dans tout pays où les garde-fous institutionnels font défaut ; sans de telles conditions, les ressentiments personnels et les ambitions inhibent les consciences et laissent libre cours à l’omnipotence pour s’imposer aux lieu et place des lois et règlements régissant l’ordre républicain. Il devient alors loisible aux maîtres du moment d’instrumentaliser les institutions et les organismes de l’Etat et d’en soumettre le fonctionnement à leur seul bon vouloir », ajoute-t-il, précisant au président de la République qu’il s’agit « de la vérité ».
Dans sa longue lettre, Ali Ghediri détaille « l’acharnement dont il est victime » et la campagne « visant à le salir » en rappelant qu’il avait « consacré les deux tiers de sa vie à l’armée et qu’il ne s’attendait point à ce que d’aucuns osent l’accuser d’en saper le moral une fois à la retraite ». « Je laisse le peuple seul juge », lance-t-il.
Boualem Rabah