Après la double explosion d’hier: Beyrouth, une ville dévastée (vidéo)
Une double explosion d’une violence inouïe et entendue à 200 km à la ronde, a secoué, hier mardi, vers 18 h 10, le port de Beyrouth, ravageant une grande partie de la ville. Selon le dernier bilan de la Croix-Rouge libanaise, plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 4 000 autres blessées.
Le Conseil supérieur de la défense, réuni en urgence a déclaré que les déflagrations étaient dues à l’explosion de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port. Le nitrate d’ammonium, substance qui entre dans la composition de certains engrais mais aussi d’explosifs, est un sel blanc et inodore utilisé comme base de nombreux engrais azotés sous forme de granulés, et a causé plusieurs accidents industriels.
« C’est une catastrophe dans tous les sens du terme, a déploré le ministre de la santé, Hamad Hassan. Les hôpitaux de la capitale sont tous pleins de blessés. » Face à l’ampleur de cette catastrophe, qui touche en son cœur un pays au bord du gouffre, le premier ministre libanais, Hassan Diab, a fait appel, mardi soir, à l’aide internationale.
Mercredi matin, la capitale libanaise, déclarée ville « sinistrée », s’est réveillée sous le choc dans un paysage apocalyptique. Les autorités ont déclaré un jour de deuil national.
Le premier ministre libanais, Hassan Diab, a lancé « un appel urgent à tous les pays amis et les pays frères qui aiment le Liban à se tenir à ses côtés et à nous aider à panser nos plaies profondes ».
« Ce qui s’est passé aujourd’hui ne passera pas sans que des comptes soient rendus », a-t-il ajouté lors d’une allocution télévisée mardi soir. « Il est inadmissible qu’une cargaison de nitrate d’ammonium, estimée à 2 750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution. C’est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire sur cette question », a-t-il également déclaré devant le Conseil supérieur de la défense.
Le président libanais, Michel Aoun, a également convoqué une « réunion urgente » du Conseil supérieur de la défense. Le Hezbollah libanais a appelé mardi soir à l’unité nationale afin de surmonter une « douloureuse tragédie ».
Le Liban, déjà miné par la corruption et les difficultés économiques, traverse également sa pire crise depuis des décennies. « On a beau tous être des survivants dans ce pays, on ne peut pas survivre à tout, témoigne au Monde l’écrivaine libanaise Hyam Yared. Et la colère est immense, car le Liban n’en peut plus. Il y a au cours des derniers mois cette nouvelle crise politique qui n’en finit pas, la cherté de la vie qui pousse les gens ordinaires dans la misère, et maintenant, symboliquement, la destruction de notre ville. »
A.I./Agences