Après les législatives en Israël : Netanyahu plus proche de la prison que du pouvoir
Les résultats des législatives en Israël, annoncés ce jeudi 5 mars, donnent le parti de Benjamin Netanyahou, le Likoud, vainqueur devant son rival, la coalition Bleu-Blanc de Benny Gantz. Moins large que ne l’espérait le Chef du gouvernement israélien, sa victoire qu’il avait prématurément qualifiée de « délicieuse » se transforme en casse-tête chinois, voire en cauchemar pour lui.
Avec 36 députés sur les 120 que compte la Knesset, le Likoud redevient la première force au Parlement israélien, mais la victoire a tout de même un goût amer pour le Premier ministre sortant puisqu’elle ne lui permet pas de dégager une majorité parlementaire avec ses alliés. Ensemble ils composent un bloc parlementaire de partis nationalistes et religieux de 58 élus et il leur manque trois sièges pour atteindre la majorité absolue qui permet de gouverner.
Face à lui, une opposition majoritaire mais hétéroclite. Avec 33 députés, Bleu-Blanc, la formation de Benny Gantz, recule mais limite les pertes, les partis de gauche, qui s’étaient pourtant unis, s’enfoncent dans la crise et perdent encore trois sièges, tandis que l’extrême droite laïque d’Avigdor Liberman maintient son dernier score de 7 députés. Dans les rangs de l’opposition, le véritable vainqueur est La Liste unie, une coalition de partis arabes qui, avec 15 élus, obtient le meilleur score de son histoire.
Benny Gantz et Avigdor Liberman ayant répété à l’envi qu’ils ne gouverneraient pas avec les partis arabes, sans lesquels il n’y a pas de majorité possible, l’opposition, sauf revirement, est confrontée à la même incapacité à gouverner que Benjamin Netanyahu, ce qui renforce le spectre d’une quatrième élection législative en un an.
Crise institutionnelle en Israël : linextricable équation!
Après trois législatives en moins d’un an, marquées par des campagnes électorales au vitriol opposant les « Seulement Netanyahou » et les « Tout sauf Netanyahou », tout le monde semble à court d’énergie.
Le Premier ministre sortant, en particulier, voudrait éviter le scénario d’une nouvelle élection sachant que la campagne électorale se déroulerait alors qu’il serait en plein procès pour corruption dont l’ouverture est prévue ce 17 mars, à moins qu’entre-temps il n’ait réussi à arracher un cinquième mandat de chef de gouvernement.
L’enjeu est énorme pour lui : le gouvernement ou la prison ! Aussi, Nétanyahou a-t-il tenté de convaincre la Knesset qu’il avait gagné l’élection. Estimant que «Le bloc de gauche n’a que 47 sièges», omettant les quinze députés de la Liste arabe unie d’Ayman Odeh, soudés par leur rejet viscéral de Netanyahou et du plan Trump. «Les Arabes ne font pas partie de l’équation, c’est la volonté du peuple», a-t-il affirmé, ostracisant 20% de la population et accusé par la gauche de racisme décomplexé.
Mais si la Liste arabe unie est désormais un allié indispensable à Gantz pour faire tomber Nétanyahou, l’ultranationaliste Avigdor Liberman l’est aussi avec ses sept sièges, alors même qu’il considère les députés palestiniens non pas comme des « rivaux » mais comme des « ennemis ». Une coalition allant de cet extrême à l’autre du spectre politique israélien apparaît donc improbable et les institutions israéliennes plongent encore un peu plus dans la crise.
Netanyahou : le gouvernement ou la prison !
Le procès de Netanyahou doit s’ouvrir le 17 mars à Jérusalem. Benyamin Netanyahou est le seul chef de gouvernement de l’histoire d’Israël à être inculpé pendant son mandat, de surcroît pour corruption, malversation et abus de confiance dans différentes affaires.
S’il parvient, avec ses alliés, à obtenir une majorité de sièges au Parlement, il pourra se présenter devant la justice en position de force et garder son poste de premier ministre. Dans le cas contraire, le premier ministre sortant joue sa survie politique et peut-être même sa liberté, s’il est reconnu coupable des chefs d’accusation de corruption.
A moins que la Cour suprême n’intervienne d’ici là pour reporter le procès à cause du coronavirus. Par peur de contagion, le ministère de la Justice envisagerait le report de toutes les audiences à venir, a affirmé, en effet, une chaîne de télévision publique
M.A. Boumendil