Cancer du sein: le jeûne renforcerait l’efficacité de la chimiothérapie
Selon une récente étude, la pratique du jeûne pourrait améliorer la réponse à la chimiothérapie chez les personnes atteintes du cancer du sein.
Dans la revue Nature Communications, des travaux soutiennent que le jeûne renforce l’efficacité de la chimiothérapie dans le cancer du sein. Mais il ne faudrait pas pour autant crier victoire. Deux experts du Réseau national alimentation cancer (NACRe-France) ont déclaré à la revue Sciences et Avenir, que cette nouvelle étude bien qu’elle présente quelques résultats encourageant des investigations plus poussées, est loin de suffire à justifier l’usage du jeûne en pratique clinique.
D’ailleurs, un rapport de l’Institut National du Cancer Recherche (INCa-France) de 2017 a recensé 224 publications scientifiques pertinentes sur l’efficacité du jeûne dans le cancer, dont 200 portent sur l’animal. Et comme les résultats chez la souris (les animaux en général) ne sont pas transposables chez l’Homme, les 24 études restantes, sur l’humain portant sur 129 patientes atteintes de cancer du sein ayant des effectifs ou des qualités insuffisants, étaient très attendues. Les patientes étaient réparties dans deux groupes choisis au hasard, définissant si elles allaient jeûner pendant trois jours avant l’administration de la chimiothérapie, ou manger normalement.
L’expérience devait se répéter sur quatre “cycles” (administrations) du traitement. Les résultats montrent que le jeûne n’améliore pas la toxicité de la chimiothérapie, mais permet une meilleure survie sans progression de la maladie, si l’on observe la croissance de la tumeur par radiologie. Cependant, l’analyse plus fine du taux de cellules cancéreuses dans la tumeur n’est pas différente entre les deux groupes. “Cette étude est la seule qui tienne la route aujourd’hui en faveur du jeûne chez les patients atteints de cancer”, concède le Dr Bruno Raynard, gastro-entérologue et chef de l’unité transversale de diététique et de nutrition à l’Institut Gustave Roussy (Paris).
Mais pour le co-auteur du rapport de l’INCa, “il manque également beaucoup de données pour juger de l’effet réel du jeûne étudié, comme l’état nutritionnel préalable des patients, les ingesta (ce que les patientes ont ingéré, ndlr) notamment protéiques, et leur niveau d’activité physique. Ces trois critères sont des facteurs éminemment importants pour juger de l’effet pronostique (prédiction des résultats cliniques, ndlr) d’un support nutritionnel”, a-t-il expliqué.
Hacen Guenoun