Chloroquine: le remède miracle contre le coronavirus?
En l’absence d’un vaccin contre le coronavirus, qui continue de faire des milliers de morts et qui se propage à grande vitesse, un médicament suscite beaucoup d’espoir: la chloroquine.
Cet antipaludique testé avec succès par le Pr Didier Raoult, éminent spécialiste français des maladies infectieuses, suscite cependant la polémique. Faut-il le généraliser sans délais ? Il y a des pour et des contre au sein de la communauté médicale, même si une tendance favorable au médicament commence à se dégager.
Propulsé au devant de la scène depuis quelques jours, en raison de ses tests positifs sur 24 personnes atteintes du Covid-19, le Pr Raoult insiste sur la fiabilité de son « invention ». Il juge même « immoral » d’attendre les résultats cliniques pour l’administrer aux patients.
Mais certains gouvernements hésitent encore à donner leur quitus pour la généralisation de ce médicament. Ces tergiversations poussent des scientifiques de renom, à l’image du professeur Jean-Luc Harousseau, hématologue de réputation mondiale, à pousser de retentissants coups de gueule. « Je connais les règles de la recherche clinique. Je sais qu’il faut avoir des preuves pour aller plus loin. Mais c’est quand on a le temps ! Et là, on n’a pas le temps. On est devant une vague énorme qui va tout engloutir. Combien de morts pendant les 15 jours durant lesquels il va falloir attendre ? », fulmine le Pr Harousseau, estimant que « notre seule chance est un traitement efficace, commençons tout de suite ! ».
Par ailleurs, d’autres scientifiques, tel Jean-François Bergmann, professeur de thérapeutique, ne veulent pas «déroger aux règles qui garantissent une médecine par les preuves ». « Aujourd’hui je ne peux pas prendre le risque, je n’ai pas de preuves solides. J’ai lu l’essai de Marseille. Malheureusement, il est mal fait et ne peut pas convaincre. Il est peut-être vrai, mais il y a tellement de biais, avec plein de données manquantes que l’on ne peut pas y croire. Et c’est dommage », soutient le Pr Bergmann.
En attendant la fin de cette polémique franco-française, certains Etats lancent déjà des opération d’achat de stocks de ce médicament. C’est le cas du Maroc qui a racheté l’ensemble de la production de Sanofi en Nivaquine, un médicament à base de Chloroquine fabriqué localement.
Aux Etats-Unis, Donald Trump affirme que les instances sanitaires américaines avaient «approuvé» le recours à la chloroquine et promet aux personnes testées positives au Covid-19 d’être traitées. Il a déjà passé commande d’un million de boites
Boualem Rabah