Congé exceptionnel des fonctionnaires: une instruction de l’IGT suscite la polémique
L’inspection générale du Travail (IGT) a adressé, le 17 juin dernier, une instruction aux inspecteurs généraux leur demandant de rappeler tous les fonctionnaires bénéficiaires du congé exceptionnel dû à la pandémie de Covid-19. Dans ce document, dont nous détenons une copie, l’IGT, en se référant aux instructions du ministre du Travail, veut contraindre les employés concernés, dont les femmes enceintes et celles élevant des enfants en bas âge, à prendre leurs congés annuels.
«Conformément aux instructions de monsieur le ministre du Travail, je vous demande de convoquer l’ensemble des employés dépendant de vos services à rejoindre leurs postes du travail, y compris les femmes concernées par le congé exceptionnel. Celles-ci doivent consommer, dans un premier temps leurs reliquats et leurs congés annuels, avant de bénéficier du congé exceptionnel », précise l’IGT dans sa correspondance.
L’inspection invite, selon le document, les inspecteurs à « veiller à l’application de ces mesures et garantir la reprise du travail par l’ensemble des employés et la définition d’un agenda pour les congés ».
La décision du ministère du Travail suscite déjà la polémique. Elle a été aussitôt dénoncée par le Syndicat autonome des inspecteurs du Travail. Dans un communiqué rendu public, vendredi 19 juin, l’organisation évoque une violation de décret exécutif N°20-159.
«Au lieu de prendre des mesures de préventions et combler les lacunes pour protéger les fonctionnaires de Covid-19, notamment avec le début du déconfinement, le syndicat et ses membres ont été surpris par une instruction de l’IGT qui rappelle tous les employés, y compris les femmes concernées par le congé exceptionnel. Cette instruction est en contradiction avec le décret exécutif N°20-159 », estime le syndicat.
Selon l’organisation, cette instruction a été exploitée par « certains responsables pour menacer les fonctionnaires de sanctions administratives, dans le cas où ils refuseraient de rejoindre leurs postes de travail ». « Ces décisions unilatérales et irresponsables prises sans un dialogue avec le partenaire social ne feront qu’envenimer la situation au sein du secteur », précise le syndicat, appelant l’IGT à retirer l’instruction qualifiée « d’illégale ».
Boualem Rabah