Coronavirus : certains malades guéris traîneront des séquelles à vie
La bonne nouvelle sur le front de la pandémie de Covid-19 est que, bon gré mal gré, le nombre de malades guéris est très largement supérieur à celui des décès ; la mauvaise est que des experts médicaux affirment que le Covid-19 peut affecter sur le long terme les poumons, le cœur, le cerveau et d’autres organes. Pour certains patients, ils sont condamnés à vivre avec ces séquelles.
En effet, des médecins ont signalé que certains malades guéris du Covid-19 avaient développé un syndrome de détresse respiratoire aigüe (SDRA), une pathologie grave qui peut gêner les patients les plus atteints tout le reste de leur vie.
La revue médicale The Lancet a publié en février un article démontrant que 29 % d’un groupe de patients de Wuhan, suivis par des chercheurs entre la mi-décembre et le début janvier, avaient développé un SDRA.
La British Faculty of Intensive Care Medicine, dans un article publié le 15 mars dans le Sunday Times, mettait en lumière que 17 % des patients admis en soins intensifs, dont le traitement a été analysé, ont développé ce syndrome. Le même constat, à peu de choses près, a été fait par des chercheurs à Hong Kong.
Après le Covid-19, le SDRA à la manœuvre
« Connu et décrit depuis 1967, le SDRA n’est pas un phénomène nouveau. Les causes les plus courantes de ce syndrome sont la pneumonie, les septicémies et les cas les plus graves de grippes. La liste des symptômes qu’il provoque comprend un essoufflement extrême ainsi qu’une impression d’épuisement et de confusion. En plus du système respiratoire et cardiovasculaire, le SDRA peut également affecter d’autres organes vitaux en empêchant les poumons de les alimenter suffisamment en oxygène », souligne-t-on.
De même, selon Julie Fischer, professeure à l’Université de Georgetown à Washington, le Covid-19 peut provoquer « une inflammation et la création de liquide dans une grande partie des poumons, limitant leur capacité à oxygéner suffisamment leur sang pour permettre le fonctionnement normal des organes ».
« L’inflammation, tout comme la respiration artificielle nécessaire pour aider le patient à survivre, peut endommager les tissus fragiles des poumons qui sont impliqués dans le transfert d’oxygène. Cela peut affecter le fonctionnement des poumons même après que le patient a guéri d’une forme sévère du Covid-19 ».
Survivre au virus n’est pas la fin de la galère
Dans les cas graves de Covid-19, les conséquences les plus remarquées sont « un déclin de l’état physique et fonctionnel, des changements dans les fonctions cognitives et des effets psychologiques », affirme un spécialiste, estimant que « la difficulté en soins intensifs, c’est que quand nous déployons tant de moyens pour essayer de les protéger (les poumons et le cœur), nous savons que cela aura des conséquences sur d’autres organes ».
Ainsi, avertissent les spécialistes, « les reins, par exemple, peuvent commencer à se dégrader. Il est courant que des patients sous respiration artificielle aient besoin de dialyse. Par ailleurs, l’utilisation de médicaments pour plonger les patients dans un coma artificiel peut provoquer certains degrés de délire qu’il sera difficile de soigner ».
En fait, pour pour certains malades guéris du Covid-19, les effets du SDRA provoqué par le virus pourraient être irrémédiables. « Certains patient se remettront en trois mois mais d’autres auront des séquelles à vie », affirme-t-on.
A.Benmouldi