Coronavirus : des prévisions apocalyptiques pour l’Afrique
Le directeur de l’OMS a appelé l’Afrique à «se réveiller» et à «se préparer au pire» face à la pandémie de Covid-19, la directrice Afrique de la même organisation parle de situation «très préoccupante» avec une progression «très rapide» de la pandémie sur le continent, tandis que le secrétaire général de l’ONU s’est dit craindre une hécatombe.
« La situation en Afrique est très préoccupante avec une évolution très très rapide » du nombre de pays touchés par le coronavirus sur le continent, a affirmé hier la directrice Afrique de l’Organisation mondiale de la santé à France 24, intervenant depuis Brazzaville, au Congo.
Le nombre de cas officiellement détectés dans chaque pays progresse aussi chaque jour très rapidement, a-t-elle souligné, indiquant que désormais, « 39 pays sont touchés » et « environ 300 cas » sont officiellement détectés chaque jour, alors que seuls 50 cas étaient détectés quotidiennement il y a quinze jours.
« C’est un grand défi » pour les gouvernements africains de lutter contre cette pandémie, et cela demande « beaucoup de moyens et un appui international », a-t-elle affirmé, appelant, par la même occasion, à « encourager le secteur privé » à mutualiser les moyens financiers et matériels et les équipements indispensables à la lutte contre la pandémie.
Des millions de morts en Afrique ?
De son côté, au micro de RFI, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres affirme qu’une action coordonnée internationale et un investissement de 3 000 milliards de dollars sont nécessaires pour éviter une propagation sans limite de l’épidémie.
Il a notamment fait part de ses craintes pour le continent africain, où la propagation du virus pourrait conduire à des millions de morts et de personnes infectées.
De même, il a indiqué que l’ONU avait lancé un appel « à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde » où il y a des conflits armés, afin de préserver, face à la « furie » du Covid-19, les civils les plus vulnérables.
Si l’appel a reçu des échos favorables aux Philippines, au Yémen et en Syrie, ce n’est pas le cas en Libye, un pays plongé dans le chaos où la pandémie vient de faire son apparition et où les affrontements entre deux pouvoirs rivaux gagnent en ampleur.
Avec un premier cas de contamination officiellement enregistré le 24 mars,, l’impact potentiel de la pandémie fait craindre le pire dans un pays ravagé par la guerre depuis 2011.
Officiellement épargnée jusqu’ici par la pandémie, la Libye s’est un moment crue à l’abri alors que tous ses voisins étaient touchés les uns après les autres. « Nous sommes à l’abri des virus en Libye, un pays dont la capitale est assiégée et dont les issues terrestres et aéroportuaires sont fermées », affirmait, à ce sujet, un universitaire de Tripoli.
MSF : « Ce qu’on peut craindre, c’est beaucoup de morts en Afrique »
L’ONU, elle, redoute un scénario catastrophe, dont payeraient les frais les civils coincés par les affrontements entre les belligérants mais aussi les migrants et les réfugiés retenus dans des centres de détention, dont certains se trouvent près des zones de combat.
Pour un membre de Médecins sans frontières (MSF), connaisseur de la situation dans le continent, dans la plupart des capitales africaines, il y a très peu de lits de réanimation.
Cela veut dire, selon lui, que tous les cas vraiment graves ne seront pas traités. « Ce qu’on peut craindre pour l’Afrique, c’est beaucoup de morts », a-t-il déploré.
Des observateurs avisés craignent particulièrement pour l’Afrique du Sud qui totalise déjà plus de 1000 cas confirmés officiellement et qui est entrée en période de confinement pour 3 semaines.
Le pays présente deux fragilités majeures face à la pandémie du Covid-19 : les nombreux ghettos où la promiscuité et la précarité des habitations favorise la propagation du virus et une grande proportion de la population déjà affectée par le Sida, donc démunie en matière de défenses immunitaires.
M.A. Boumendil