Coronavirus: le calvaire d’un émigré à Skikda
De retour dans son village natal de Mechta Tarfa, prés de Béni Oulbane, dans la wilaya de Skikda, au mois de mars dernier, en pleine explosion de la pandémie de Covid-19, Salah Nini, un Algérien résidant en France, a vécu un véritable cauchemar. D’abord fui comme la peste, il a fini par être sauvagement agressé, ne devant la vie sauve qu’à la chance. Depuis, il demande justice, mais sans trouver d’écho.
Venu passer quelques semaines de vacances dans la maison qu’il a patiemment construite au prix de maints sacrifices, cet émigré de 64 ans n’imaginait pas l’horreur qui l’attendait dans son village natal. Accusé à tort d’avoir importé le virus de France, il a été l’objet d’un ostracisme même pas dissimulé. Il a alors décidé de se placer lui-même en quarantaine. « On a répandu la rumeur je portais le Covid-19. Je vivais dans l’angoisse parce que les gens me fuyaient comme la peste », explique l’intéressé.
Salah n’était pas encore au bout de ses peines. Harcelé sans cesse par des voyous du village, il a fini par être sauvagement agressé chez lui. « J’étais chez moi, tranquille dans mon jardin, quand deux jeunes cagoulés se sont rués sur moi et m’ont battu à coup de manches de pioche. Ils visaient carrément la tête. Je m’en suis sorti avec un bras et un doigts cassés. Ils voulaient m’achever mais quand ils ont vu ma femme crier, ils se sont enfuis», raconte-t-ilencore sous le coup de l’émotion. Pour lui, il s’agit clairement d’une tentative d’assassinat.
30 jours d’arrêt de travail
Après avoir été examiné par un médecin légiste qui lui a prescrit 30 jours d’arrêt de travail, Salah Nini a décidé de porter plainte au niveau de la gendarmerie locale. Mais à sa grande surprise, l’agent ayant pris sa déposition a refusé de lui délivrer un PV. « Il m’a dit que la brigade de gendarmerie du village n’avait pas les moyens matériels et humains pour prendre en charge ce genre d’enquêtes. Il m’a insinué de laisser tomber. Ce n’est qu’après intervention du procureur de la République qui a appris ma mésaventure que j’ai enfin pu récupérer mon dépôt de plainte. »
Plusieurs mois sont passés, mais aucune enquête n’a été diligenté. Salah ne cache pas sa déception. « Je vis très mal cette situation. Je ne pensais pas qu’on pouvait fermer les yeux sur des choses aussi graves. La justice est censée défendre les plus faibles. Malheureusement, ce n’est pas le cas en Algérie et cela donne une mauvaise image du pays. », dira Salah. Et de conclure: « Ce n’est pas normal que les voyous qui m’ont agressé se pavanent en toute impunité dans mon village après toute l’horreur qui m’ont fait subir. Je veux que mon histoire parvienne aux autorités pour qu’on me rende justice. »
L’homme aspire toujours que justice lui soit rendu et que les hommes qui ont attenté à sa vie soient traduits devant un tribunal. N’ayant pas trouvé d’écho localement à sa demande, il compte sur les autorités régionales et nationales pour le rétablir dans sa condition de citoyen. Sera-t-il entendu?
Hacen Guenoun