Coronavirus: les Etats se livrent à une guerre des masques
Sur fond de pénurie et alors que la pandémie du Covid-19 se rapproche un peu partout de son pic, les Etats se disputent les masques de protection et le matériel médical essentiellement en provenance de Chine, usant de méthodes qui relèvent du banditisme.
Ainsi, le 31 mars dernier, sur le tarmac d’un aéroport chinois, une commande française de masques de protection a été rachetée par les Américains en payant la cargaison cash et trois fois son prix. Aussi, l’avion qui devait atterrir en France est parti aux États-Unis, se sont plaints des responsables français.
Mais si les États se livrent à ce type de « braquages » pour s’approvisionner en masques, un produit devenu soudain stratégique alors qu’il ne coutait que quelques centimes l’unité avant la pandémie, ils sont loin d’être les seuls.
Le 17 mars dernier, les autorités tchèques ont saisi près de 700.000 masques destinés à l’Italie, ainsi qu’un lot de respirateurs artificiels, autre équipement précieux et recherché. La République tchèque avait tenté de justifier son acte de « piraterie » mais des images de la cargaison largement diffusées sur les réseaux sociaux montraient des emballages comportant la mention «Aide humanitaire chinoise pour l’Italie» ainsi que des drapeaux chinois et italien.
La France, de son côté, a saisi le 5 mars dernier une cargaison de masques d’une société suédoise qui transitait par la plateforme lyonnaise de cette entreprise. La marchandise était destinée à l’Italie et à l’Espagne, deux pays voisins touchés très durement par le Covid-19.
Il existe sans doute d’autres cas de détournement similaires qui n’ont pas été portés à la connaissance de l’opinion publique. Que dire donc de ce comportement de certains Etats que réprouve la morale, le droit et l’éthique commerciale sinon qu’on est loin, très loin des discours officiels dans lesquels la solidarité internationale se taille la part du lion.
A. Benmouldi