Décès d’Idir: témoignage de l’écrivain et journaliste Rachid Oulebsir
Nous venons de perdre un pionnier de notre renaissance culturelle, un porteur d’eau de notre existence ! Je présente mes condoléances les plus attristées à la famille Cheriet qui m’accueillait quand j’étais lycéen en 1966, à Diar Saada !
Quatre mois avant la sortie de son premier disque A Vava inuva , il était en discussion avec Djamal Allam qui lui dit : ‘’ Ce chant te lancera comme une étoile filante, le texte est plus qu’une braise dans nos entrailles, avec ton chant elle ne nous brulera plus. Le gigantesque poète géant Ben Mohamed nous sortira de l’inexistence ! Tu joues admirablement de la guitare, ce chant est le tien : va te mettre au travail ‘’
Le 45 tours sortit en 1973 à Alger (avant de sortir en France et de faire le tour du monde ), nous étions une dizaine d’étudiants à ramener un carton de ce miraculeux chant des studios Oasis qui nous ressuscitait en tant que Kabyles, et le vendre à la faculté centrale d’Alger aux coopérants ( français et soviétiques ).
En 1976, Hamid m’accueillit chez lui à Paris, m’aida à m’inscrire à l’université Paris-Sorbonne grâce à son phénoménal carnet d’adresses qui ouvraient les serrures les plus hermétiques. Quand je n’avais plus de sous, c’était chez lui que je reprenais des forces et de la quiétude. Il m’avait trouvé un boulot qui m’avait permis de continuer mon DEA et soutenir ma thèse de Doctorat de 3ème cycle à Paris-Villetaneuse.
Repose en paix Hamid tu as accompli ton devoir, la première marche de notre renaissance. Me voilà que je te pleure, je n’aurai même pas l’occasion d’être à ton enterrement ! Je ferai mon devoir moi aussi pour que ta sépulture ne soit jamais profanée et brulée comme celle du geant Allaoua Zerrouki.
Ar Timlilit dina anda tṛuḥeḍ
Ton frère Rachid Oulebsir