Etude de Lancet sur la chloroquine: une “escroquerie intellectuelle”, selon des scientifiques
Le débat suscité par l’étude de la revue britannique The Lancet sur la chloroquine continue de faire des vagues. Elle est qualifiée de véritable «escroquerie intellectuelle» par d’éminents scientifiques. D’autres suggèrent qu’il s’agit d’une manoeuvre du laboratoire américain Gilead.
Plusieurs professeurs en médecine démontrent, de manière scientifique, pourquoi les conclusions de l’étude en question ont induit en erreur, y compris l’OMS, qui a aussitôt interdit le traitement à base de la chloroquine.
Après Didier Raoult qui a trouve l’étude « foireuse », un autre professeur français abonde dans le même sens. Il s’agit de Philippe Froguel, professeur au CHU de Lille et à l’Imperial College de Londres. « J’ai d’abord beaucoup hésité à réagir parce que je ne veux pas qu’on dise que je suis pro-Raoult. On ne peut rien dire : on est forcément soit pro, soit anti. Mais l’article de The Lancet pose de gros problèmes. Les données sont trop bizarres, pas fiables. On ne sait même exactement d’où elles viennent, comment ils se les sont procurées. Du coup, les conclusions ne peuvent pas être fiables. The Guardian a bien vu tous ces problèmes. Ce papier est une merde en grande partie fabriquée par une firme inconnue qui voulait se faire de la pub », fulmine-t-il.
Selon lui, « The Lancet, c’est le tabloïd de la presse médicale. Ils font le buzz avec des données fake. La science, ce n’est pas ça ! Et la presse française a repris sans réfléchir cet article. Nous n’avons plus de journalistes scientifiques ».
Plusieurs défenseurs du médicament se prononcent aussi sur le sujet. C’est le cas du collectif de médecins ‘’Laissons-les prescrire’’ qui dénonce un travail « totalement biaisé ». De nombreux médecins et scientifiques, et pas forcément défenseurs de la chloroquine, ont également adressé une lettre ouverte pleine de reproches aux auteurs de la fameuse étude.
Un conflit d’intérêt
Même Jacques Doublet, sympathisant En Marche, le parti d’Emmanuel Macron, et membre du Haut Conseil de la santé publique (France), affirme que « les données et résultats de l’étude sont au mieux faux, au pire truqués ».
Les critiques apportées à cette étude déplorent à « la fois des données à l’origine obscure, des flous dans la méthodologie (on ne donne pas le nom des hôpitaux où les dossiers de patients sont censés avoir été recueillis) et une lacune dans l’étude et des interrogations éthiques ».
Certains n’hésitent pas également à dénoncer un conflit d’intérêt en relevant le fait que les quatre auteurs de l’étude du Lancet s’efforcent de dissimuler des liens avec le laboratoire américain Gilead, principal adversaire de l’IHU de Marseille car ce dernier concurrence directement son médicament onéreux, le Remdesivir.
Boualem Rabah