Festival internation du théâtre de Béjaïa : la 10ème édition sous le thème “femmes et enfance”
Dédiée à Nabila Djahnine, la militante féministe assassinée par la horde terroriste le 15 février 1995 à Tizi-Ouzou, la 10ème édition du Festival international du théâtre de Béjaïa se déroulera du 15 au 20 Février courant, dans la belle salle du Théâtre régional, avec Omar Guendouz pour invité d’honneur et Slimane Benaissa comme commissaire principal. Boualem Chouali, élu communal, assure la communication.
Inscrite sous le thème générique de “femmes et enfance“, cette 10ème édition était prévue au mois d’octobre 2019. Elle a failli être annulée, mais elle fut repêchée et programmée du 15 au 19 février 2020. Sur les 11 compagnies qui avaient confirmé leur participation, seules quatre ont maintenu leur présence à cause du changement de calendrier en plus du pays hôte. Seront présentes par ordre de passage, outre l’Algérie, le Sénégal avec deux pièces, la France et la Tunisie avec une pièce pour chaque pays.
L’Ouverture du festival se fera le 15 février à 16 h par les autorités locales avec la projection du film de Nabila Djahnine, « Lettre à ma sœur » avec la troupe venue du Mzab ‘’Alwachoul ‘’ et un récital poétique de Salah Tirichine.
Le mot du commissaire Slimane Benaissa
« La tragédie naît quand ceux d’en haut ne savent plus et ceux d’en bas n’en peuvent plus » (Nietzsche). La nature même du théâtre est justement de traiter la tragédie. Par la magie esthétique, il met en scène les conflits et les socialisent, et permet ainsi à tous de les comprendre et d’entrevoir leurs solutions. Le Festival International du théâtre de Béjaïa essaie, en toute modestie, à s’inscrire dans cette démarche en ouvrant la scène aux questions de citoyenneté, de démocratie, de paix et d’égalité. Nous œuvrons pour que la ville de Béjaïa s’approprie ce festival et le fasse sien, car Béjaïa, riche de sa culture et de ses questionnements, est un terreau théâtral des plus riches.
Je remercie Madame la Ministre de la Culture, Monsieur le Wali de Béjaïa, le Président de l’APC, les membres de l’APC, le Directeur de la culture ainsi que tout le personnel du Théâtre régional de Béjaïa, ainsi que nos sponsors qui, conscients de l’importance de ce festival à Béjaïa et pour Béjaïa, œuvrent à l’intégrer entièrement à la ville. Merci à vous tous, en vous souhaitant un bon et serein festival.
Les Cinq pièces en jeu
« Timenfla » : l’Algérie sera présente avec Timenfla, une pièce mise en scène par Lehsen Chiba sur un texte de Ali Tamer. Les événements de la pièce tournent autour de personnages qui visitent un couple marié qui vit dans une maison isolée de la ville, cette petite maison de campagne où les conflits surgissent à chaque fois. Elle passera le 15 février à 19h.
« Le Musée », sur une mise en scène et un texte de Djibril Goudiaby, sera la première pièce du Sénégal. Elle met en scène le retour d’Europe d’un étudiant en l’histoire de l’art, animé par l’ambition de créer un musée afin de sauver le patrimoine culturel de son village en général et de sa grand-mère en particulier, menacé par les effets pervers de la mondialisation…Elle sera jouée le 16 février à 19 h.
« De nos frères blessés », sera la pièce française mise en scène par Fabrice Henry et produite par le Collectif Satori sur un texte tiré du premier roman de Joseph Andras. « De nos frères blessés » publié en 2016. Il retrace la vie et l’engagement d’Iveton pour l’indépendance algérienne. Fernand Iveton, Français d’Algérie, était militant communiste indépendantiste, membre du FLN. En 1956, il pose une bombe dans un local vide de son usine, réglant le minuteur pour une explosion prévue après la fin du travail pour ne blesser personne. La bombe n’explose pas mais il est arrêté, torturé, et condamné à la peine capitale après un procès expéditif, il est exécuté pour l’exemple par la horde coloniale. La troupe se produira le 18 Fevrier à 19h
« Et si je les tuais tous madame » de Aristide Tarnagda, est la seconde pièce sénégalaise. Interprétée par Pape Meissa Gueye, elle est mise en scène par Séverine Lesage. C’est un drame qui démystifie les rapports ambigus que l’histoire tisse entre deux mondes qui se sont côtoyés pendant plus d’un siècle sans vraiment se regarder et se voir. Elle met la lumière sur la situation de l’Africain en passant en revue une série d’événements décisifs dans la marche du monde. On y découvre l’africain insoumis, l’Africain désenchanté, d’ici, d’ailleurs et de nulle part. La scène du TRB accueillera la troupe sénégalaise le 18 Février à 19h
« Djaraim Zawjia » est la pièce tunisienne produite par Mohamed Ali Said et jouée par les comédiens Toufik Elbahri et Meriem El-Kaboudi, sur un texte de Hamza Maaz. Elles sera vue l’avant-dernier jour à 19 h. Le héros a été victime d’un mystérieux accident, il devient étranger à lui-même et à son entourage, notamment sa femme. Comment peut-il entamer une nouvelle existence après cette perte de mémoire ? Le monde qui l’ entoure n’a plus de sens en dehors de cette mémoire perdue ? C’est une sorte de suspense dans la recherche de la vérité…
Omar Guendouz, invité d’honneur
Né le 25 mars 1950 à Alger, Omar Guendouz est diplômé du conservatoire d’Alger. Photographe professionnel et animateur culturel, il a 50 ans de pratique théâtrale de haut niveau. Primé plusieurs fois, Omar a brillé sur les planches dans des pièces mythiques comme « Mohamed prend ta valise » , « Babour Ghreq » et de nombreuses autres comme « Mir Ou Rebbi Kbir ». Omar Guendouz est aussi acteur au petit écran et au cinéma. Il a éclaboussé de sa classe dans de nombreux longs métrages, notamment « Serkadji » de Hadj Rahim, « Le mariage de Moussa » de Tayeb Mefti, « l’émigré » de Mohamed Hilmi et « Bouchon » de Belkacem Hadjadj.
Slimane Benaissa, commissaire du festival
Slimane Benaissa est le Commissaire du festival comme lors la précédente édition. Né à Guelma en 1944, il est l’un des pionniers du Théâtre populaire algérien, et metteur en scène internationalement reconnu. Après un parcours universel prestigieux, il est distingué, en 2005, docteur honoris causa de l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Très proche de Kateb Yacine, il adaptera l’ensemble de son œuvre en arabe dialectal : « La poudre d’intelligence », « Mohamed prends ta valise » ainsi que « La guerre de deux mille ans ».
Ses œuvres parlent de son génie. Cinq pièces majeures en arabe, dont la fameuse Babor Ghreq jouée plus 500 fois en moins de six ans, et près d’une vingtaine de pièces en français jouées à travers le monde. Certaines comme « Prophètes sans Dieu » furent traduites en néerlandais, hongrois, tchèque et allemand. Certaines de ses œuvres ont été crées à l’étranger, comme « Les papiers de l’amour », créée au théâtre Pitoëff de Genève en 2008. Quatre romans parus chez Plon, un essai « Mes sept lieux d’écriture » témoignent de la créativité prolifique de ce dramaturge pas souvent célébré par le siens.
Master Class, lectures théâtrales et contes en tournées scolaires
Des démonstrations formatives en expression corporelle, en mise en scène, en jeu d’acteur et écriture de texte seront assurées, de 10h à 12h, du 16 au 19 février, par Henry Fabris et Haro Clémentine dans la petite salle du TRB . Les écoliers de la ville auront la chance d’écouter des conteurs leur narrer dans les trois langues, tamazight, l’arabe et le français, des légendes du terroir et des mythes de notre matrice identitaire algérienne. Les écrivains et auteurs Sedik Mahi, Mounia Ait Meddour, Amina Mekahli et Tayeb Bouamar feront des tournées dans les établissements de la ville à la rencontre des élèves et de leurs enseignants .
Sid Ahmed Agoumi, qui était l’invité d’honneur de la 9ème édition, fera au quotidien des lectures publiques de textes de théâtre de 10h à 12h dans la salle adjacente à la grande salle.
« Vous constatez que La 10ème édition du festival est allégée. Mais l’important est d’être au rendez-vous. Nous allons associer les enfants des établissements scolaires à l’événement en les intégrant dans des ateliers d’initiation au conte. Des conférences pour adultes donneront du corps au festival en plus des pièces de théâtre », a expliqué l’élu de l’APC Boualem Chouali, chargé de la communication du festival .
Le festival sera clôturé le 20 février avec un concert musical de Beihdja Rahal dans la grande salle du théâtre Abdelmalek Bouguermouh.
Rachid Oulebsir