France: Éric Zemmour jugé pour des propos injurieux contre l’islam et l’immigration
Jugé pour injure et provocation à la haine raciale, le sulfureux polémiste français, Éric Zemmour, encourt une amende de 10.000 euros avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement.
Le parquet a requis cette peine, mercredi, à l’encontre du mis en cause dont le discours tenu en septembre 2019 à Paris lors d’une “Convention de la droite” organisée par des proches de la leader d’extrême-droite, Marion Maréchal-Le Pen, a suscité une grosse polémique en France.
Le procès s’est déroulé sans Éric Zemmour, qui a été représenté par son avocat, Maître Olivier Pardo. Ce dernier a justifié cette absence, regrettée par le tribunal: “Monsieur Zemmour est de plus en plus victime d’agressions” et qu'”il n’est pas un juriste, il est une personnalité intellectuelle qui veut un débat intellectuel. Aujourd’hui, le débat est strictement juridique.”
Le tribunal a visionné les 32 minutes du discours tenu par l’accusé. Six passages sont poursuivis par le parquet : Éric Zemmour y dépeignait notamment des immigrés “colonisateurs”, décrivant le voile et la djellaba comme “les uniformes d’une armée d’occupation”. Ses propos avaient soulevé un tollé dans la classe politique et le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avait reçu quelque 3.600 signalements.
Décortiquant la “rhétorique insidieuse” du polémiste, la procureure a estimé que les “infractions étaient parfaitement caractérisées”, demandant au tribunal de le condamner à 100 jours ( amende à 100 euros). Si cette amende n’est pas payée, elle se transformera en emprisonnement – et à une large publication de la décision “à ses frais.”
“Au-delà du sentiment de haine et de rejet, il y a un appel, une exhortation au rejet, à la discrimination des musulmans dans leur ensemble, parce que tous ne peuvent être que des adeptes du jihad, de la violence”, a déclaré la magistrate. La condamnation “doit amener les citoyens et pas seulement Monsieur Zemmour, l’opinion, à prendre conscience que s’il avance toujours sur un fil, celui de la provocation (…) une sanction est prononcée lorsqu’il franchit les limites posées par la loi”, a-t-elle ajouté.
En septembre 2019 déjà, quelques jours à peine avant la polémique, Eric Zemmour avait été définitivement condamné à 3.000 € d’amende pour provocation à la haine religieuse, à la suite de propos tenus en 2016, dans l’émission de France 5 “C’est à vous.” Il avait notamment affirmé à l’époque que la France vivait « depuis trente ans une invasion », assurant que « dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées » se jouait une « lutte pour islamiser un territoire », « un djihad ».
Le comble, c’est que l’auteur du Destin français, avait saisi la Cour européenne des droits de l’homme, reprochant à la France d’avoir violé sa liberté d’expression.
En 2011, il a également été condamné pour les mêmes faits en déclarant sur Canal+ que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes ».
Hacen Guenoun