Haykal Rezgui Raouaji, un policier français motard de 37 ans d’origine maghrébine, va porter plainte contre la police nationale pour “racisme, discrimination et harcèlement moral”.

Le fonctionnaire, originaire de Toulouse, se dit être victime d’insultes et réflexions racistes de la part des membres de sa brigade, la Formation motocycliste urbaine départementale, depuis son arrivée à Strasbourg, il y a deux ans.

Décoré en 2016 par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve, après le sauvetage de deux enfants d’un incendie, le brigadier qui affiche une carrière de 16 ans “sans faute», s’est plaint du mauvais traitement au sein de sa brigade.

“Lors de la semaine de présentation, j’entends: ‘Rezgui Raouaji, un nom bien français de chez nous’. (…) C’était toujours des petites blagues, quand j’arrivais ils parlaient alsacien, on vous fait sentir que vous n’êtes pas du groupe”, raconte-t-il.

Il a même accusé ses coéquipiers d’employer des mots durant leur service : “Des personnes qu’ils ont contrôlées, c’est toujours ‘négro’, ‘bicot’, ‘bougnoule’… Ces mots-là, pour eux, c’est normal.”, a déclaré le policier qui a exercé à Nice, Nîmes, Vannes et en Île-de-France, avant d’être muté à Strasbourg (Bas-Rhin) en septembre 2018.

Le fonctionnaire qui raconte être tombé en dépression pendant neuf mois, en août 2019, affirme avoir saisi, en octobre 2019, l’Inspection générale de Police nationale (IGPN) de la région, mais l’affaire sera classée “sans suite” en mars dernier.

“On m’a expliqué qu’il n’y avait pas assez d’éléments pour prouver le racisme… Là, je suis tombé quasiment en pleurs”, raconte le policier.

Interrogée par Le Parisien, l’avocate de Haykal Rezgui Raouaji, Me Kaoutare Choukour, a indiqué qu’un dossier de plainte sera déposé ce lundi. Elle estime que le combat va être long.

“On s’attaque à l’institution policière, ça arrive très rarement, moi je le ressens déjà, la manière dont je suis accueillie au commissariat central. Elle est désagréable”, confie-t-elle à France Bleu, avant de révéler avoir été contactée par d’autres policiers à Strasbourg, qui seraient dans la même situation.

Hacen Guenoun