Histoire: Ali Benouari qualifie la présence ottomane en Algérie de colonialisme
L’ancien ministre du Trésor, Ali Benouari, qualifie d’«étrange» le fait des «Algériens s’érigent en défenseurs de la présence ottomane en Algérie.»
Réagissant à la dernière sortie de l’enseignante en histoire à l’université de Constantine, Fatima Zohra Guechi, qui avait estimé que « la présence turque en Algérie qui a duré plusieurs siècle ne peut être considérée comme colonialiste, Ali Benouari se pose une série d’interrogations.
« S’agit-il d’une ignorance quant aux méfaits de cette présence ou d’un syndrome de type Stockholm ? Ou les deux ? », se demande-t-il. Dans une déclaration reprise par des médias, il précise que cette grave distorsion de la vérité historique est le « fait que pour certains, contester les “bienfaits” de la présence ottomane reviendrait à légitimer les méfaits de la colonisation française. »
« Pourtant, il suffit de penser en termes de “peuple” et non de “territoire” ou de religion pour comprendre que les deux colonisations ont nié, de façon semblable, l’existence d’une nation algérienne, d’une population autochtone ayant un destin et des aspirations propres (…) jusqu’à cette date du 1er novembre 1954, révolutionnaire dans tous les sens du terme », explique-t-il.
Ali Benouari va encore plus loin en considérant que la « légitimation de la présence ottomane devrait être assimilée à une forme de révisionnisme historique, condamnable à tous les égards. »
Dans une interview accordée au quotidien El Watan, Fatima Zohra Guechi avait déclaré que « la présence ottomane ne peut être considérée comme colonialiste. » « Les Ottomans n’avaient pas la velléité de conquérir un pays pour assujettir son peuple et en exploiter ses richesses au profit de l’Etat conquérant, avec une idéologie “suprémaciste” et raciste. Ils ont introduit le rite hanafite sans l’imposer, la langue osmanli étant limitée à l’administration centrale, même si les gouvernants (allogènes) et leurs soutiens bénéficient de privilèges indus. » «On se révoltait contre les “Turcs”, mais on priait pour le “Sultan de l’Islam”», comme le dit l’historien Lemnouer Merouche », argumente-t-elle.
Cette déclaration a suscité, rappelons-le, une vive polémique, notamment sur les réseaux sociaux.
Boualem Rabah