La chanteuse hip-hop et avocate, Raja Meziane, se dit menacée d’emprisonnement si elle décide de retourner en Algérie. « Si je retourne en Algérie, c’est la prison qui m’attend », affirme-t-elle dans une déclaration au journal français Le Nouvel Observateur.

« Je dois retourner là-bas. Mais si j’y retourne maintenant, c’est la prison qui m’attend. Le but est de ne pas y aller, mais de pouvoir continuer à dénoncer. Je suis solidaire avec mes frères et sœurs qui sont détenus et qui en souffrent », explique-t-elle.

Vivant en exil en République Tchèque depuis 2015, l’auteur du célèbre tube «Allo Système» dédié au Hirak, explique ses craintes par le contenu de ses chansons et par son engagement en faveur du mouvement populaire en cours depuis le 22 février 2019.

La chanteuse de 32 ans, née à Tlemcen, affirme aussi être privée de son diplôme d’avocate « par le pouvoir en représailles à son refus de chanter pour Bouteflika. »

Raja Meziane qui doit donner, demain dimanche 8 mars, son premier concert à l’Institut du monde arabe à Paris, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, parle d’un acharnement contre sa personne qui dure depuis 2012.

« En 2012, je disais déjà que pour changer les choses, il fallait organiser une révolution en Algérie. Cela, personne n’était prêt à l’entendre. Même le public. Et cela annonçait juste ce qui allait se passer en 2019. Je me sentais détestée parce que j’ai mis le doigt sur une plaie ouverte. Avec les autorités, avec les personnes responsables de la culture et du domaine artistique en Algérie, c’était carrément le blacklistage complet. On interdisait mes chansons à la radio, à la télévision, n’importe où. Je n’étais plus invitée sur les plateaux TV », dit-elle.

Et d’ajouter : « Même celles et ceux qui me connaissaient avaient très peur d’associer leur nom au mien. Je me suis retrouvée sans amis, sans soutiens, sans rien du tout. C’est ça qui me rend aujourd’hui très forte. »

Boualem Rabah