Liberté de la presse: Amnesty International épingle l’Algérie
Dans un long article publié, hier, sur son site et intitulé, « Algérie: des journalistes condamnés à de lourdes peines de prison dans un contexte de répression croissante », Amnesty International dresse un tableau noir de la situation de la liberté de la presse dans le pays.
L’ONG dénonce une « campagne de plus en plus offensive de harcèlement des médias, dans le cadre de laquelle deux journalistes de premier plan ont récemment été condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir simplement exprimé leurs opinions ou couvert des manifestations ». Amnesty International fait allusion à Khaled Drareni, poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national » et « incitation à un attroupement non armé », et condamné à trois ans de prison ferme. Mais aussi à Abdelkrim Zeghilèche qui a écopé pour sa part de deux ans ferme pour « publications Facebook pouvant porter atteinte à l’unité nationale ».
Amnesty International cite par ailleurs plusieurs autres cas de « harcèlement » de journalistes. Comme celui du correspondant du journal Ennahar à Mascara, Ali Djamel Touba, condamné à deux ans d’emprisonnement, avant de bénéficier d’une libération provisoire le 18 août. Son tort est d’avoir partagé « une vidéo sur Facebook dans laquelle un gynécologue évoquait la détérioration des conditions de travail des médecins dans la ville d’In Amenas ».
Le journaliste Mustapha Bendjama, rédacteur en chef du journal régional Le Provincial, a été quant à lui, interrogé à Annaba, pendant environ 90 minutes, « en raison d’une publication qu’il avait partagée sur sa page Facebook demandant la libération d’un militant du Hirak détenu ». Merzoug Touati, un journaliste du site Internet d’information L’Avant-Garde Algérie, a été également maintenu en détention à Béjaïa, « après avoir été arrêté alors qu’il allait couvrir une manifestation de soutien aux militants du Hirak détenus ». Il a été condamné par le tribunal à une amende de 100 000 DA.
« Tous ces journalistes sont sanctionnés pour avoir mené leur travail légitime. Au lieu de harceler les journalistes, les autorités algériennes doivent veiller à ce que tous les journalistes dans le pays puissent mener leur travail légitime sans faire l’objet d’intimidation, de harcèlement et de menaces d’arrestation », a déclaré Amna Guellali directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Amnesty international relève aussi le cas de plusieurs sites Internet d’information bien connus pour leur position critique à l’égard du gouvernement dont l’accès est bloqué sur les réseaux algériens.
Amnesty appelle, enfin, les autorités algériennes « à mettre fin au harcèlement judiciaire systématique des journalistes et à respecter le droit à l’information, en levant le blocage imposé à des sites d’information ».
Mourad Z.