Libertés et droits de l’homme: l’opposition démocratique dénonce “une répression féroce”
Les participants à la journée de mobilisation organisée aujourd’hui, à Alger, par les formations du Pacte pour l’alternative démocratique (PAD) tirent la sonnette d’alarme. Ils dénoncent «une répression féroce qui n’épargne désormais aucune catégorie de la société : avocats, journalistes, partis politiques, chômeurs et femmes».
Citant le cas de l’interdiction de cette activité du PAD, contraint de l’organiser au siège du MDS, les conférenciers, Me Mustapha Bouchachi, le sociologue Nacer Djabi et le syndicaliste Kaddour Chouicha, ont en effet dressé un tableau sombre de la situation des droits de l’homme et des libertés dans le pays.
Énumérant un chapelet d’atteinte aux acquis démocratiques, ils affirment que « la répression prend des proportions graves ». « Le régime a dépassé la ligne rouge. Les deux appareils, en l’occurrence la justice et les services de sécurité, sont mis à son service et non pas pour appliquer la loi. Ce sont pourtant des institutions de l’Etat. On est dans un véritable danger », a alerté Me Mustapha Bouchachi.
Selon lui, les manifestants, les militants, les avocats et les journalistes arrêtés récemment « n’ont commis aucun crime ou délit ». « Mais pour justifier leur arrestation, les policiers sont allés chercher dans leurs téléphones portables et dans leur e-mails des preuves pour les condamner. Ces agents de sécurité sont contraints de recourir à cette pratique. Les magistrats aussi sont soumis à des pressions pour les faire condamner ou les placer en détention », a-t-il déploré. Pour Me Bouchachir, « ces pratiques tuent toute la conscience chez les juges ».
Intervenant sur le thématique concernant « le multipartisme, les libertés d’expression et la liberté de la presse », Nacer Djabi a fait le même constat. Expliquant les restrictions sur la liberté de réunion, le sociologue a indiqué que « le régime n’a jamais reconnu réellement les partis politiques, même s’il a accepté le multipartisme dans les textes ».
Selon lui, il y a un risque de « connaître, à l’avenir, un degré plus élevé de répression ». Pour lui, «cette situation est liée à la crise politique ». « Plus grave encore, il n’y a même pas un centre de décision connu sur lequel on peut compter pour régler cette crise. Cette désorientation du système influe aussi sur la presse qui est complètement verrouillée », a-t-il regretté.
Et d’ajouter : « Les Algériens paient les frais de la crise interne au système. L’objectif principal aujourd’hui est de sauvegarder le caractère pacifique et national du Hirak pour déjouer toutes les tentatives de division et de stigmatisation d’une région».
Faisant le point sur les libertés syndicales, Kaddour Chouicha a précisé « qu’on ne peut parler de liberté syndicale dans un pays qui ne respecte les droits de l’homme ».
Boualem Rabah