Lutte contre le coronavirus : ces voix non autorisées qui sèment la zizanie
Bien que son impact sur l’économie et la vie en société soit réel, la crise provoquée par l’épidémie du coronavirus est avant tout de nature sanitaire. A ce titre elle se devait et elle se doit d’être gérée en tant que telle, en évitant toute interférence dans la chaîne de prise de décision.
Ce sont les autorités sanitaires et les compétences scientifiques en son sein qui sont aux avant-lignes et personne d’autre. Les scientifiques observent, constatent et formulent des recommandations que l’autorité politique se charge de traduire en décisions.
Toute interférence dans la chaîne de prise de décision signifie au minimum, une perte de temps dommageable, eu égard aux capacités et à la vitesse de propagation du virus. Or, ce principe fondamental n’a pas toujours été respecté, loin s’en faut.
Le cas le plus parlant à ce sujet est incontestablement celui des lieux de culte dont la fermeture n’a été décrétée qu’hier mardi, après moultes tergiversations, malgré les appels pressants de la communauté scientifique et de l’autorité sanitaire.
Plutôt que d’annoncer l’interdiction des prières collectives et la fermeture des mosquées comme cela fut le cas pour tous les lieux de rassemblement de toutes natures, le ministre des Affaires religieuses a préféré s’en remettre à une commission des fatwas composée de théologiens et d’idéologues.
Le ministère s’est alors fendu d’un communiqué excluant les femmes, les enfants et les personnes âgées des lieux de culte et demandant aux imams de fermer les mosquées… après des prières écourtées ! Dans une intervention publique le ministre a repris à son compte lesdites « décisions ». En matière d’absurdité, il est difficile de faire mieux.
Et, comme pour en rajouter une couche, le président de l’Association des oulémas musulmans, Abderezzak Guessoum, intervenant sur une chaîne de télévision privée, a estimé que la décision de fermer les mosquées en Algérie sera prise au fur et à mesure de la propagation du coronavirus dans le territoire national. En somme, n’intervenir qu’une fois la catastrophe consommée !
Il a en outre préconisé de maintenir les mosquées ouvertes et de sensibiliser parallèlement les fidèles pour faire leurs prières chez eux. Voilà un exemple type de voix non autorisée qui sème la confusion et la zizanie !
Plus surprenant encore dans cette affaire – faut-il dire plus inquiétant ?-, des membres du même gouvernement qui n’arrivent pas à parler d’une même voix face à un grave problème de santé publique qui ébranle le pays et le monde.
En effet, aussitôt après l’intervention du ministre des Affaires religieuses et ses annonces surréalistes, le ministre de la Santé est revenu à la charge pour exiger l’interdiction de tous les rassemblements, quelle que soit leur nature.
Il aura sans doute fallu l’intervention des plus hautes autorités du pays pour que la décision qui s’imposait soit enfin prise, peu avant le discours à la nation du président Tebboune qui l’a confirmée, mettant ainsi fin à un cafouillage gouvernemental qui aura occasionné une perte de temps préjudiciable.
M.A. Boumendil