Maroc: le coronavirus perturbe les routes du cannabis vers l’Europe
La crise sanitaire du Covid-19 perturbe les voies d’acheminement du cannabis à destination de l’Europe depuis la fermeture de la frontière entre le Maroc et l’Espagne.
Alors que les routes habituelles vers l’Europe sont fermées par la pandémie de coronavirus, les trafiquants de drogue marocains cherchent des voies alternatives. Leur plan B actuel consiste à charger des camions puis des bateaux de pêche dans les ports de la côte atlantique pour acheminer leur marchandise vers le Vieux continent. Et comme les services de sécurité ont imposé depuis le début de la pandémie un verrouillage interne qui a limité les déplacements des narcotrafiquants entre les villes, ces derniers ont du adopter une route alternative plus longue, eux qui habituellement transportent le cannabis, cultivé dans les montagnes du Rif septentrional, sur la courte distance qui les séparent de la côte méditerranéenne.
“Ils chargent des camions de nourriture à travers le Maroc, puis des bateaux de pêche partant des ports de l’Atlantique”, a déclaré le porte-parole de la police et des renseignements nationaux, Boubker Sabik. Pour le moment, la police réussit à paralyser les réseaux de contrebande pendant le confinement (maintenu jusqu’au 10 juin), ce qui indique un “changement radical” dans les méthodes de trafic, a-t-il dit à l’AFP.
Alors que la distance qui sépare Tanger de l’Espagne à travers le détroit de Gibraltar, est de seulement 14 km, les contrebandiers doivent désormais emprunter une longue route et fixer des rendez-vous en mer avec des passeurs européens dans les eaux internationales, pour acheminer la drogue, pendant des heures, depuis le Rif jusqu’aux plages isolées de Sidi Abed, à 217 km au sud de Rabat, Ils utilisent des camions de restauration dont les chauffeurs ont des autorisations de circulation.
La police annonce avoir saisi « seulement » 32,6 tonnes de résine de cannabis, connue sous le nom de haschisch, pendant la période de confinement, et 62 tonnes depuis le début de l’année, contre 210 tonnes saisies l’année dernière.
Hacen Guenoun