Médicaments: la science et les élucubrations de Bonatiro
En ces temps troublés de crise sanitaire où s’installe un climat anxiogène, voire de panique dans certains cas, la nature humaine se dévoile dans ce qu’elle a de meilleur mais aussi de pire. Pendant que des chercheurs sérieux passent des nuits blanches dans leurs laboratoires à tenter de trouver un traitement à cette terrible pandémie, d’autres, avec une légèreté déconcertante, n’hésitent pas à clamer partout qu’ils ont trouvé le médicament miracle et que les autorités les empêchent de sauver l’humanité. Il est vrai que des situations comme celle-ci sont propices au charlatanisme, dusse-t-il se prévaloir d’une pseudoscience.
La mise au point d’un médicament en général et d’un vaccin en particulier répond à un protocole scientifique long, précis, et encadré par des lois draconiennes, sous l’autorité d’éminents scientifiques et pas seulement. C’est encore heureux que ça soit le cas car, avant tout, c’est de la santé et de la vie d’êtres humains qu’il s’agit.
On ne peut pas, à ce stade, ne pas évoquer le cas l’astrophysicien algérien Loth Bonatero qui n’arrête pas de crier à la hogra sur les plateaux de télévisions privées réputées pour leur chasse à l’audimat et leur inclinaison à promouvoir le charlatanisme. Il assure, en effet, avoir découvert avec le concours de chercheurs dont personne ne sait rien, qu’il a mis au point le médicament miracle qui mettrait fin à la pandémie, pour peu qu’on le laisse le tester et prouver ainsi son efficacité, dont il est sûr quant à lui.
La preuve de l’efficacité de sa mixture ? Des médecins de son entourage, dont on ignore et la spécialité et les qualifications, le lui auraient certifié ! C’est, en tout cas, la seule preuve qu’il aurait produite devant le ministre de la santé et le directeur de l’Institut Pasteur qui l’ont tout de même reçu et qui affirment que la présentation du médicament en question, produite par l’intéressé, tient en deux pages !
Il faut savoir que la définition officielle donnée selon le Code de la Santé Publique est la suivante : toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés préventives ou curatives à l’égard des maladies humaines et animales ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger, modifier leurs fonctions organiques.
De la découverte de la molécule à l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) par les autorités publiques et sa mise en vente dans les pharmacies, un médicament passe par un processus long et complexe, effectué dans un cadre réglementé stricte.
Sans préjuger de la bonne foi de l’astrophysicien algérien et de son équipe, on peut quand même se poser la question en ce qui concerne leur connaissance de ce processus et de l’ensemble des protocoles qu’il implique et qu’on ne peut en aucun cas ignorer.
« Les diverses étapes du développement d’un nouveau médicament et de son accès au marché » est le titre d’un article très complet sur le sujet, publié parSylvianne Chery-Croze, directrice scientifique l’association France Acouphènes, et qu’il est recommandé de consulter pour toutes les personnes intéressées, à un titre ou à un autre par le sujet.
Pour ce faire, il suffit d’accéder au site web de l’association, de cliquer sur la rubrique Pathologies et de rechercher l’article en question.
A. Benmouldi