OMS : la suspension du financement américain provoque un tollé mondial
Organisations internationales, pays amis et pays hostiles, ONG, personnalités : la décision intempestive de Donald Trump de suspendre le financement américain de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a laissé personne indifférent. Le monde entier, y compris à l’intérieur des Etats-Unis, «regrette», «déplore», «dénonce» ou «condamne».
Premier à « dégainer », le secrétaire général de l’ONU a jugé que « ce n’est pas le moment » de réduire les ressources de l’OMS. « C’est à présent le temps pour l’unité et pour la communauté internationale de travailler ensemble et solidairement pour arrêter ce virus et ses conséquences graves », a-t-il déclaré.
Pour le directeur général de l’OMS dont la gestion est mise en cause par Donald Trump, il n’y a pas de temps à perdre. La seule préoccupation de l’OMS est d’aider tous les peuples à sauver des vies et à mettre fin à la pandémie de Covid-19 ».
Les pays amis comme les pays hostiles…
Pour sa part, le chef de la diplomatie de l’Union européenne « regrette profondément » la suspension de la contribution américaine. « Il n’y a aucune raison qui justifie cette décision à un moment où nous avons plus que jamais besoin de leurs efforts pour contenir et réduire la pandémie du coronavirus », a-t-il écrit sur Twitter.
De son côté, Paris « regrette » la décision et espère « un retour à la normale », tandis que Berlin estime qu’un renforcement de l’OMS est au contraire nécessaire. « Le virus ne connaît pas de frontières. Nous devons travailler en étroite collaboration contre le Covid-19. L’un des meilleurs investissements est de renforcer l’ONU, en particulier l’OMS sous-financé, par exemple pour développer et distribuer des tests et des vaccins », a déclaré un membre du gouvernement fédéral allemand.
Le Royaume-Uni quant à lui, fidèle allié des États-Unis, n’a pas « l’intention d’arrêter de financer l’OMS, qui a un rôle important à jouer pour mener la réponse sanitaire mondiale »
Une dénonciation unanime
Comme il fallait s’y attendre, la Russie a dénoncé une « approche très égoïste » de Washington qualifiée de « très alarmante »alors que la Chine, de son côté, a fait part de sa « vive préoccupation » et a appelé les États-Unis à « assumer sérieusement leurs responsabilités et leurs obligations, et à soutenir l’action internationale, contre l’épidémie, menée par l’OMS ».
L’Afrique, à travers la voix du président de la Commission de l’Union africaine (UA), a estimé que la décision américaine est « profondément regrettable », au moment où « plus que jamais, le monde dépend de la capacité de leadership de l’OMS pour diriger la lutte contre la pandémie de Covid-19 ».
Aux Etats-Unis aussi…
Aux Etats-Unis, la présidente de la commission de la Chambre des représentants des États-Unis fixant les dépenses du gouvernement, a estimé que Donald Trump commet une erreur. « Le coronavirus ne peut pas être vaincu seulement ici, aux États-Unis, il doit être vaincu partout dans le monde », a-t-elle déclaré.
Le milliardaire Bill Gates, fondateur de Microsoft et deuxième bailleur de l’OMS après les USA via sa fondation, a jugé la décision américaine de « dangereuse », estimant que « si le travail (de l’OMS) est arrêté, aucune autre organisation ne peut la remplacer ». Le monde « a besoin de l’OMS », a-t-il insisté.
Beaucoup d’autres voix se sont élevées aux Etats-Unis, chez les démocrates mais pas seulement, pour brocarder la décision intempestive du locataire de la Maison Blanche ou, tout au moins, s’en démarquer. C’est dire que le président américain a réussi, une fois de plus, à faire dresser le monde contre lui.
A. Benmouldi