Ouyahia à la reprise du procès d’Ali Haddad: «C’est le président Bouteflika qui prenait les décisions»
Après une suspension d’une journée, suite au décès de l’avocat et frère d’Ahmed Ouyahia, Laïfa, le procès de l’homme d’affaire, Ali Haddad, a repris aujourd’hui. L’ancien Premier ministre n’a pas pris de gants pour charger le président déchu, Abdelaziz Bouteflika.
Lors de cette audience, le président du tribunal a interrogé, en début de matinée, les anciens premiers responsables du gouvernement, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal. Après avoir rejeté la demande de ses avocats de renvoyer l’audience en raison de sa situation personnelle, le juge a donné la parole, en premier, à l’ancien patron du RND.
Ce dernier a nié toutes les accusations retenues contre lui, affirmant que « toute les décisions étaient prises par le président Bouteflika ». C’est le cas, a-t-il assuré, concernant les contrats de gré à gré pour les deux projets infrastructurels de l’autoroute Est/Ouest et du port de Djendjen (Jijel).
«C’est le président Bouteflika, seul, qui avait pris la décision. Le président m’a chargé de l’exécution rapide des projets et de mettre en conformité la situation sur le plan réglementaire », a-t-il indiqué, rappelant que « le code des investissements a été amendé pas moins de quatre fois sur ordonnance présidentielle ».
S’agissant du projet du métro d’Alger, Ahmed Ouyahia est resté sur la même ligne de défense, soutenant que la décision « était prise en Conseil des ministres et que son rôle était de faire exécuter le projet ».
Ahmed Ouyahia a réfuté, dans la foulée, l’accusation de « dilapidation de deniers publics », assurant avoir « protégé les finances du pays, en faisant des économies sur plusieurs projets ». Comme ce fut le cas durant les précédent procès, l’ancien chef du gouvernement a rejeté l’accusation selon laquelle ses enfants et sa femme étaient trempés dans les affaires. « Les entreprises de mes enfants, je les ai déclarées au Président Bouteflika, mais verbalement », a-t-il dit.
Abdelmalek Sellal a en outre balayé les accusations retenues contre lui. « Le chef du Gouvernement n’a pas vocation à octroyer des contrats. Sous mes différents mandats, pas moins de 2.000 projets ont été réalisés », a-t-il déclaré, ajoutant «pendant la maladie du président (depuis mai 2013), j’étais chargé de gérer politiquement le pays, jusqu’à mon départ, les projets n’étaient pas de mes compétences, je ne pouvais pas m’occuper de leur suivi ».
Abdelmalek Sellal a, pour sa part, demandé à être innocenté. « Je n’ai jamais pensé qu’après 45 ans au service de l’Etat algérien, en accédant étape par étape aux différents niveaux de responsabilité, en ayant même échappé au terrorisme, que je me retrouverais un jour poursuivi pour corruption. Je demande à être innocenté », a-t-il plaidé.
Boualem Rabah