Patrice Bouveret: «Les déchets nucléaires français en Algérie sont encore sur place»
Les déchets nucléaires français en Algérie sont toujours sur place. C’est ce qu’a affirmé le directeur de l’Observatoire des armements, Patrice Bouveret, co-auteur d’une tribune, parue dans le journal français Le Monde. Des représentants de cet observatoire et de, la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN-France) appellent à lever le voile sur question et la traiter sérieusement.
Selon Patrice Bouveret, entre 1960 et 1966, la France a mené 17 essais nucléaires dans le Sahara algérien. «Plus de cinquante ans après le dernier essai nucléaire français au Sahara, le passé nucléaire de la France ne doit plus rester enfoui dans les sables », a-t-il martelé.
Selon lui, il est temps de « déterrer les déchets provenant des 17 essais réalisés, entre 1960 et 1966, par la France au Sahara, pour assurer la sécurité sanitaire des générations actuelles et futures, préserver l’environnement et ouvrir une nouvelle ère des relations entre l’Algérie et la France ».
« La France a fait détoner 210 engins nucléaires entre 1960 et 1996 (…) Après de nombreuses mobilisations – de la société civile, des médias, des parlementaires, etc– et moult péripéties, une prise en compte des dégâts environnementaux et sociaux a eu lieu en Polynésie et un travail de réparation a été entrepris. Rien de tel en Algérie », a-t-il regretté.
Patrice Bouveret a rappelé que « progressivement, les informations sur les différents accidents, dont celui de « Béryl », à In-Ekker, à 130 kilomètres au nord de Tamanrasset, le 1er mai 1962, et les pollutions qui ont été créées furent révélées grâce à des acteurs indépendants ».
« Pourtant, la présence sur les sites de Reggane [où un accident a eu lieu le 13 février 1960] et d’In-Ekker de déchets non radioactifs au sol, de matériel contaminé par la radioactivité volontairement enterré, et enfin, de matières radioactives (sables vitrifiés, roches contaminées) issues des explosions nucléaires présentes à l’air libre, sur un des flancs de la montagne Taourirt Tan Afella, reste un sujet tabou », a-t-il déploré encore.
Boualem Rabah