Robe kabyle: entre le désir de promouvoir et l’ignorance des normes marketing
Sur initiative de l’association “Espace promotion et investissement” (AEPI), présidée par Rachid Guerbas, des artisanes couturières, des responsables de l’entreprise de textile Aljex ainsi que des représentants de la wilaya de Tizi-Ouzou se sont rencontrés hier, dans l’espace du Petit théâtre de la maison de la culture, pour débattre de la dynamique à enclencher pour valoriser économiquement la robe kabyle tout en maintenant sa qualité de produit vestimentaire culturel et identitaire.
A l’issue des discussions et débats, il en est ressorti le désir des uns et des autres de faire connaître la robe kabyle à l’étranger, autrement dit assurer son exportation. Cependant, l’aspect marketing a été complètement éludé, tant cette “science” semble complètement ignorée en Algérie.
Les artisanes couturières ont eu quand même le mérite de mettre à nu la réalité du marché. Elles ont pointé du doigt la chambre de l’artisanat et des métiers de la wilaya, accusée de faire dans le favoritisme dans le choix des artisans pour la promotion de leurs produits. « Ce sont toujours les mêmes à qui on offre des stands d’exposition », ont dénoncé à l’unanimité les intervenantes.
Elles ont également mis à l’index le textile chinois qui ne répond pas aux normes de confection vestimentaire: « Comment voulez-vous gagner la confiance du client, étranger notamment, si nous utilisons le textile chinois qui est de très mauvaise qualité ? » « Nous voulons du tissu algérien et non du tissu chinois contrefait », ont-t-elles exigé. Pour leur part, les responsables ont chargé les grossistes, principaux fournisseurs de ces couturières, lesquels recherchent toujours les prix les plus bas.
Concernant la question cruciale de la communication, il faut relever que sur les I9 entreprises nationales spécialisées dans le textile, pas une n’est connue de ces femmes artisanes. D’ailleurs, devant l’absence de commandes, beaucoup d’entreprises, dont Aljex, ont supprimé leur atelier de production.
Par ailleurs, cette réunion a révélé, encore une fois, la faiblesse, voire l’inexistence pure de réseaux de distribution des produits artisanaux. A cet effet, l’AEPI s’est proposée de remédier à ces lacunes, à commencer par la signature d’une convention portant sur la production et la fourniture du tissu pour les artisanes couturières avec Aljex.
S’agissant du marketing, même l’AEPI semble ignorer ses “secrets”. En effet, ce n’est pas à travers une exposition qu’on pourrait faire connaître la robe kabyle dans le monde. Il y a donc du pain sur la planche.
Saïd Tarihant