Tension diplomatique entre Alger et Paris : ce que l’APS n’a pas dit
L’agence officielle de presse APS, reprise par la presse nationale, a fait état de la convocation de l’ambassadeur de France par le ministère des Affaires étrangères pour protester contre des propos « haineux », « diffamatoires » et « mensongers » tenus sur le plateau d’une chaîne publique de télévision en France.
Fidèle à son improbable exercice qui consiste à concilier le devoir d’informer et la culture du secret et de l’allusion, l’agence d’Etat ne précise ni le nom de la chaîne ni celui de l’auteur des propos incriminés ni, encore moins, la teneur desdits propos.
C’est d’autant plus incongru que l’ambassadeur d’Algérie à Paris a été instruit par sa hiérarchie pour intenter un procès contre la chaîne française, France 24 en l’occurrence, et l’auteur des propos dénoncés, Francis Ghilès, souvent sollicité par les médias français et britanniques pour ses éclairages sur le Maghreb.
Qui est donc l’homme qui a mis Alger en rogne et pourquoi ? Francis Ghilès, un Français d’origine juive algérienne, s’est spécialisé dans l’analyse géopolitique au Maghreb, diplômé en sciences politiques de l’Université de Grenoble et du St Anthony’s College d’Oxford en Grande Bretagne.
Avec un curriculum vitae des plus étoffés, notamment après avoir été rédacteur chargé de l’Afrique du Nord au Financial Times de 1981 à 1996, il jouit d’une notoriété certaine dans sa spécialité.
Francis Ghilès est connu du public algérien à travers ses nombreuses interventions sur sur France 24 où il s’est illustré par des critiques acerbes à l’égard de feu Gaid Salah et, plus récemment, du président Tebboune.
La goutte qui a fait déborder le vase est arrivée lors de sa récente intervention sur France 24 où il pointait le manque de moyens au Maghreb pour contrer le Coronavirus.
Après avoir distribué des bons points à Tunis pour sa gestion de la pandémie du Covid-19, l’analyste tombe à bras raccourcis sur les autorités d’Alger qui ne trouvent grâce à ses yeux sur aucun aspect, les accusant sans ambages de privilégier la protection sanitaire des militaires et du gouvernement au détriment de la population avant de remettre en cause la légitimité du président algérien.
A une question sur la gestion de la pandémie du coronavirus en Algérie, l’invité de France 24 a préféré traiter du cas de Karim Tabbou auquel il a prêté indûment la fonction d’avocat, faisant ainsi montre de légèreté et du peu de cas qu’il fait de la justesse et de la précision de ses informations.
En somme, il transparaissait de l’attitude de Francis Ghilès non pas la volonté d’éclairer l’opinion publique sur la situation qui prévaut au Maghreb en général, et en Algérie en particulier en cette période de crise sanitaire, mais bien celle de mettre les autorités algériennes sur le banc des accusés.
Cela n’étonne pas outre mesure dans la mesure où dans les milieux au fait des dessous politico-médiatiques, il est hautement soupçonné de formater ses analyses selon un agenda tracé par des parties hostiles à l’Algérie et manœuvrant depuis Rabat, Tel Aviv, Paris et Madrid.
Arezki Benmouldi