Violations des règles restrictives liées à la pandémie: deux poids, deux mesures et des questions
Les services de la sûreté de la wilaya de Tébessa ont procédé à l’arrestation d’un homme âgé de 55 ans qui diffusait des messages subversifs sur sa page Facebook, niant l’existence de l’épidémie du Covid-19 et appelant à violer les mesures restrictives dictées par la lutte contre la propagation de la maladie.
C’est la brigade de lutte contre la cybercriminalité qui a procédé à l’interpellation de l’énergumène qui a appelé à des rassemblements populaires et à organiser des fêtes de mariage et autres cérémonies publiques, en flagrante violation des mesures d’hygiène et d’isolement sanitaire décrétées par les pouvoirs publics.
Déféré en comparution immédiate devant le juge d’instruction du tribunal de Tébessa, ce dernier a ordonné son placement sous mandat de dépôt pour diffusion de publications subversives.
Il n’y a, certes, rien à redire à propos de cette arrestation qui rentre en droite ligne dans l’application de la batterie d’instructions décrétées par le président de la République pour faire face à la grave crise sanitaire qui ébranle le monde et frappe de plein fouet l’Algérie.
Mais cela pose tout de même problème et appelle de nombreuses questions lorsqu’on sait que d’autres avant l’homme arrêté à Tébessa ont tout aussi appelé, parfois de manière plus ostentatoire encore, à enfreindre les règles de discipline sanitaire rendues indispensables par les circonstances, sans qu’ils soient inquiétés d’aucune manière.
C’est le cas de certains fanatiques qui exploitent le sentiment religieux pour appeler à la désobéissance au moment où le pays a le plus besoin de discipline pour limiter les pertes humaines et protéger, autant que faire se peut, la santé des Algériens.
Le cas du plus emblématique d’entre eux, celui du sulfureux prédicateur Ali Belhadj, est édifiant. Il y a quelques jours, dans une longue vidéo postée sur les réseaux sociaux, l’illuminé qui a le sang de milliers d’Algériens sur la conscience, a fustigé la décision de fermer temporairement les mosquées et a appelé à organiser, partout, des prières collectives pour défier l’autorité.
A ce jour, malgré les nombreux appels demandant à la justice de sévir à son encontre, sauf erreur, il n’a en aucun cas été inquiété. Il s’est pourtant rendu coupable du même délit, du même crime devrait-on dire, que l’homme qui vient d’être appréhendé à Tébessa.
Deux poids et deux mesures, mais surtout de nombreuses questions auxquelles doivent répondre les autorités qui, par leur application sélective de la justice ne contribuent pas à normaliser la relation déjà très dégradée qui prévaut entre gouvernés et gouvernants.
A. Benmouldi